Poussez-pas !

Notre Dame de Paris : détail de la façade. 

J'aurais pu choisir pour illustrer le thème de ce jour une pietà, une crucifixion, une mise au tombeau. J'ai préféré ce détail de Notre Dame de Paris et pour plusieurs raisons :

D'abord à cause du bâtiment lui-même qui subit son calvaire ; Trois jours ou 5 ans ne suffiront sans doute pas à le relever.

Ensuite parce que le sculpteur a pensé que les responsables seraient aussi coupables et ne pourraient donc pas assurer leur salut. Couronnés et puissants, nobles et gentes dames, sabre et goupillon, poussés sans ménagement vers l'enfer par de petits diables répugnants.

On sait que d'ordinaire c'est plutôt « ce pelé, ce galeux » qu'on sacrifie. Le vendredi saint nous rappelle qu'il faut parfois choisir entre le roi des juifs ou Barrabas.

La mort a-t-elle des préférences ? À croire que non. Le virus frappe tout le monde et peut surprendre les puissants ou les faibles, « ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés », c'est le propre des épidémies.

Pourtant si vous êtes vieux, obèse et diabétique vous êtes moins bien armé pour lutter et mieux vaut, en plus, ne pas être noir. On pourrait même pour cela vous pousser un peu plus vite du mauvais côté.

En contrechamp, il y a le visage des anges, ceux qui luttent chaque jour pour le salut des autres, se dévouent sans compter pour faire pencher le bras du fléau dans le sens de la vie.

 Etienne ne m'en voudra pas de vous donner le lien vers les 97 portraits de ses collègues qui travaillent aux urgences à l'hôpital Hautepierre de Strasbourg. 97 portraits masqués à regarder les yeux dans les yeux, comme ils le font chaque jour face à face avec la mort.

Les visages des urgences

 PS : vous êtes fidèles chaque jour à me suivre. Grand merci à vous, c'est pour moi un honneur et un réconfort. Mais j'ai promis que cette page aujourd'hui était spécialement dédiée à Edith, elle sait pourquoi.

 10/04/2020