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Parqué.
Parqué.
Montage :
La femme et le pantin - Angel Zarraga -1909- collection Andrés Blaisten - Paris
Les trois Parques - Hans Baldung Grien - 1513 - Karlsruhe
On ne peut pas dire que ce soit véritablement un autoportrait mais ça retrace assez bien l'évolution rendue possible par la situation actuelle. On prolonge le confinement, le Président retient les ciseaux de la fileuse, j'ai presque envie de dire qu'il porte bien son prénom "Dieu parmi nous" ; c'est trop sans doute, mais aujourd'hui osons le trop.
Suspendu à des fils, la vie de pantin, pour triste et minable qu'elle pouvait paraître, n'était pas dépourvue de charmes ; confiné certes ; soumis, pourquoi pas après tout, mais tirant le meilleur parti de la situation. Tous les « dociles amants » de la beauté, qui consument « leurs jours en d'austères études » se trouveront un frère en ce pantin. L'esclave a franchi la limite du pathétique, il en vient à aimer ses chaînes ; si ténus qu'en soient les fils, ils sont aussi tranchants que celui de l'épée. («J'entends les rires moqueurs des incrédules qui ne connaissent rien à la sublimation esthético-artistique. Malandrins que vous êtes !)
La vie de « parqué » n'est plus désormais tout à fait la même, elle ne tient pour ainsi dire plus qu'à un fil ; ce ne sont plus les mêmes mains qui tirent les ficelles. Ces Parques ne sont guère gracieuses, sans couronne, sans éclat malgré leur abondante coiffure, elles font juste leur besogne. le cœur en guenilles, le pantin est tombé en quenouille, il file du mauvais coton avant que les ciseaux ne coupent le fil du temps. S'il a le col serré ce n'est pourtant pas la faute aux godrons de sa fraise c'est plutôt l'angoisse qui l'étreint, il a connu des bras plus chaleureux. Pour les souvenirs, c'est peut-être mieux de fermer les yeux.
Le pendentif aurait dû l'alerter. Il n'y a pas que l'amour qui rende aveugle.
14/04/2020