• Se laver les mains.

     

    Se laver les mains.

    Nu devant la glace 1905 - Lothar von Seebach - MAMC Strasbourg                         

     

     

     

    Il faut se laver les mains !

     

    Pas question aujourd'hui de Parques, de Muses, de Vénus ; l'Olympe, c'est trop loin. J'ai renvoyé se faire voir, confinement oblige, Hermès le dieu des voyages et du commerce vu qu'il faut y renoncer.

     

    Imposteur je suis, imposteur je reste : Je voulais absolument vous montrer ce nu devant la cheminée du salon, j'avais dû passer devant plusieurs fois sans y prêter attention, mais la dernière fois que je suis allé au MAMC, je n'ai vu que lui.

     Imposteur je suis, imposteur je reste : je vous explique mon cheminement. C'est le regard de cette femme dans le miroir qui m'a intrigué, est-ce son propre reflet qui l'intéresse, ou bien est-ce le regard de celui qui la contemple pour la peindre ? Elle pose ou fait-elle semblant ? Elle est surprise ou ravie ? Difficile à dire, les détails ne sont pas assez précis pour qu'on prenne une décision catégorique. J'ai donc choisi le regard complice et pour mieux me mettre en situation, j'ai rajouté cette embrasure (Pierre, tu la connais) et donc nous voici en position de voyeur, ça me rappelle les tableaux des petits vieux surprenant la « chaste » Suzanne et du coup le salon peut devenir une salle de bain, d'où le lien avec la recommandation du ministère de la santé « il faut se laver régulièrement les mains » pour rester dans l'anecdotique acceptable.

     

    Reste à pousser la porte, mais de quel côté ? Franchira, franchira pas ?

     

    Futile, tout cela ? Pas tant que ça si on veut bien y réfléchir un moment. Le tableau de Lothar montre une scène intemporelle, une fiction teintée de naturalisme ; par rapport à cette « réalité », le peintre n'existe pas et au contraire si le peintre existe alors c'est le tableau qui n'est pas réalité. Ça reste un nu « académique ». L'abstraction porte sur l'un ou l'autre des éléments. La photographie par contre est dans l'instantané, on est bien dans le temps, même si on le fige. Elle montre du réel, en tout cas elle veut le faire croire, sinon on l'y oblige. C'est bien le piège dans lequel elle tombe ou dans lequel on l'oblige à tomber. Le peintre est un voyant fantomatique, le photographe un voyeur en chair et en os. D'un côté on a un tableau, de l'autre une histoire. « Faut narrer » dirait Gildas Bourdet, alors on narre.

     

    Se laver les mains.

     

    Le tableau...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    12/04/2020