• Minos

    En quelque sorte un embrouillamini mythologique

    Minos

    Une approche des difficultés des relations humaines...

     

    ça peut encore se compliquer

     

    La musique est un mélange d'interprétations du "Syrinx" de Debussy

    Les statues sont exposées à la Fondation Messmer à Riegel

    Minos

    accéder au site de la Fondation

    Au point de départ, il y a cette photo du musée. 

    J’ai demandé à M. Messmer l’autorisation de photographier ; pour une fois j’ai décidé le cadrage avant de faire la photo. C’est la chaise qui a été le déclencheur, elle barrait, comme un panneau de sens interdit, l’issue de secours de ce musée. Du coup, avec le vert en haut de la porte et le bleu du tableau on a les trois couleurs suffisantes pour refaire le monde.

    Beaucoup plus intéressant, l’opposition intérieur/extérieur. Dans cet espace essentiellement consacré à l’abstraction, les deux statues semblent « rejetées » à l’extérieur et on leur refuse l’entrée, comme on en refuse la sortie aux visiteurs du musée sauf pour raison d’un ultime salut, en cas de destruction imminente de l’intérieur.

    Au premier regard, les deux statues font référence à la statuaire égyptienne, mais les attributs féminins/masculins ont été inversés, c’est Isis qui porte normalement la couronne de cornes. Les cornes renvoient plutôt au Minautore, pourquoi pas au veau d’or, la puissance vitale mâle. La coiffe féminine est plus énigmatique et je n’ai pas encore de solution. On peut évidemment y projeter ce qu’on veut, des voiles enlevés (ou enlevées), des ailes, une coiffe alsacienne…. Mais surtout, ces statues sont sans têtes, ce ne sont pas des hommes mais des êtres sexués, bestialement réduits à leur fonctions érotiques et reproductrices, couple primitif assurant la continuité de l’espèce mais loin d’être aussi « moches » que nos ancêtres velus et voutés.

    A l’intérieur donc on enlève le corps et à l’extérieur on enlève la tête. Entre les deux, cette porte fermée et qui doit le rester. On a toujours du mal en occident à relier le corps et la raison, vieux débats philosophiques.

    J’ai ensuite voulu donner un peu plus d’histoire et de vie à ce couple inerte, sage en apparence mais seulement en apparence et tenté de faire résonner le désir qui les habite. Avec la branche de l’arbre du jardin proche, j’ai construit cet univers improbable qui aurait pu être un paradis, sauf que dans notre monde d’aujourd’hui le bonheur, ou plutôt la sérénité, est à l’intérieur, débarrassé des pulsions malsaines du désir, idéalisé en des courbes pures qui procurent les jouissances de l’esprit. La réalité est dehors, elle est encombrante et les obstacles se multiplient pour qu’on puisse avoir une relation saine, normale, naturelle.

    Voila mes réflexions et ma démarche. 

    5 février 2016