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Allez; au boulot !
Allez, au boulot !
Christ brisant sa croix - Orozco
Der Totentanz - gravure de Karl Reisenbichler
J'ai choisi deux photos pour célébrer ce 1° mai.
J'avais été très impressionné, il y a quelques années devant une grande fresque murale d'Orozco montrant un Christ brisant sa croix avec une hache. Je n'avais pas pu la photographier mais l'image est incrustée au fond de ma mémoire. J'en ai cherché une reproduction dans les livres et sur Internet mais en vain. Malheureusement je ne suis pas retourné au Mexique.
En 2016, dans une exposition au Grand palais, à Paris, consacrée aux peintres mexicains, j'ai pu photographier cette même scène, moins impressionnante car elle n'en a pas les dimensions monumentales, et le format hozirontal donne plus d'importance à la croix sur son bûcher qu'à ce Christ plus sombre et moins en contre plongée.
Le message est très fort. « J'ai sauvé vos âmes, semble dire ce Chrit bien campé sur ses pieds meurtris et déformés par la crucifixion, maintenant, au boulot ! C'est à vous de sauver vos corps, de prendre en main votre destin. Soyez libres, vous êtes libres ! Démolissez les temples de vos sujétions, brûlez les livres qui vous imposent la soumission, détruisez les instruments de vos souffrances et de vos tortures, c'est à vous d'écrire l'histoire ! » Le message est évidemment universel et intemporel et pas seulement historique et mexicain. La forme est violente à souhait. Et d'actualité également, à n'en pas douter.
La gravure était exposée dans un petit musée Tchèque près de la frontière autrichienne.
Cette danse macabre fait partie d'une série dont on trouve des exemplaires un peu partout dans le monde. Celle-ci porte en sous-titre « er geht an die Arbeit » ? d'autres gravures, ailleurs, n'ont pas le sous-titre.
La farandole des travailleurs dont on devine qu'elle se poursuit hors cadre reviendra peut-être le soir en chantant « hey ho, hey ho, on revient du boulot... » Rien n'est moins sûr en cette période de crise sanitaire. Ce n'est pas Blanche Neige qui conduit le cortège. C'est plutôt la grande faucheuse qui semble partir en sifflotant.
Mes pensées vont aujourd'hui à tous ceux qui, bravement, se rendent à leur travail pour le salut économique de notre société. Je leur souhaite meilleure compagnie que celle qu'imaginait Reisenbichler.
01/05/2020