• RESSAC

    RESSAC

    Photo de Raymond RAPP

    RESSAC

    "A Strasbourg, nous n'en avons pas, de ressac,

    mais nous avons de vieilles souches de bois qui pourrissent dans nos forêts périurbaines,

    alors on peut toujours s'arranger."

    "Comment c'est fait : ai sélectionné la partie plus claire au centre où il me semblait voir des vagues. Ai inversé cette partie  positif > négatif. Le reste n'est que rotations."     R. RAPP

     

    De deux images, l’une.

    De la pourriture de bois en retour à la poussière pour achever un cycle de germination-croissance-reproduction-disparition

    condition de tout être vivant, sorti du néant, appelé à s’épanouir à se reproduire pour garantir la pérennité de l’espèce et mourir enfin. Tout ceci intégré dans un temps linéaire qui défile inexorablement. Ce cycle là opère une révolution,  sans perturbation évidemment.

    La souche séduit le photographe : la matière s’y entasse en chemise délavée toute plissée de magma lentement refroidi dans l’indifférence du temps ; les mouvances racontent les tourments de toute vie mêlés d’aventures incertaines et de bonheurs fugaces ; les structures tissent des univers abstraits qui dérivent vers des mondes inconnus. C’est brun, chaude et sombre couleur de la terre. Le photographe sourit, l’affaire est dans le sac,

    De deux images, l’autre.

    Une transmutation s’est opérée. La terre est niée, frappée, violemment, impétueusement par les vagues qui veulent s’offrir un retour vers le large. L’impulsion exalte les bleus, ravis d’un combat sans cesse recommencé,  la vague nourrit  la vague, invente sa sœur, jumelle à l’infini. Les inverses s’illuminent, les obscures clartés, les mouvements immobiles, les infimes sidéralités.

     De deux images, l'une et l'autre.

    Elles sont en effet résolument liées dans leur complémentaire dualité. Les formats s’interpénètrent harmonieusement et se met en marche le symbolique tourbillon : l’une est le germe de l’autre, impensable sans son contraire, Circuler de l’une à l’autre, c’est courir de l’aube au crépuscule sans que jamais le soir s’épuise du matin. Dans ce double rectangle photographique s’insinue un cercle cosmogonique. Magique quadrature.

     

    Le magicien pourtant s’excuse : la recette est simple, la voici : « ai sélectionné… » ; l’illusionniste proteste : «  Le reste n'est que rotations. » ; le sorcier prend le masque du naïf apprenti. Subtile et délicate humilité. Une bien belle leçon.

    Michel WItasse 

    30 juin 2015

     à développer : y a-t-il un Yin Yang occidental ?