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au Louvre, un tableau ?
On était au Louvre pour compléter notre voyage en Iran. Ça fait déjà 5 ans... Dans le département des Antiquités orientales, j'ai photographié, admiratif, cette petite statuette de 13 cm en Chlorite et calcaire, datant de 2000 ans avant JC
Il reste seulement une dizaine de ces « princesses » dans le monde, le Louvre en possède deux. Ces statuettes, appelées couramment des « princesses » ou les « gracieuses mères » tiennent, dans la mythologie de l'Asie centrale, le rôle de déesses de premier rang. Elles règnent sur l'ordre de la nature où s'affrontent des forces sauvages en un combat sans fin qui nécessite l'intervention d'une force supérieure régulatrice.
https://www.amisdulouvre.fr/acquisitions/princesse-bactriane
Quand je me suis retourné, il y avait cette autre gracieuse mère. J'ai déclenché, sans changer mes réglages : le résultat est franchement mauvais. J'y suis revenu quelquefois pour essayer d'en tirer quelque chose, mais là aussi sans grand résultat. Et ce matin, à cause des Talibans (actualité certes, mais aussi destructeurs des arts, en 2001 ils ont détruit la pierre de l'inscription de Rabatak, etc), suite à un voyage en Ouzbékistan, et d'autres choses qui trottent dans la tête... j'ai repris le travail.
Cette présence était incongrue, une femme musulmane allaite son enfant sur un banc au Louvre !!!
Incongrue, non pas choquante ; pourquoi elle, et pourquoi là ? Une grand salle aux très hauts plafonds peu propices à l'intimité... et cette immense fenêtre avec ses barreaux à décourager les voleurs ou les intrus...Et cet enfant, loin d'être un bébé... ici à l'Elsau, récemment, les femmes musulmanes se sont scandalisées de voir une jeune maman (non voilée) allaiter son bébé en attendant que le plus grand sorte de l'école, et elles sont violemment intervenues... Et j'avais encore dans les yeux l'annonciation de Van der Weiden, dans une autre aile du Louvre, et je trouvais au bleu du manteau de Marie sculpturalement drapé des résonances avec la princesse de Bactriane...
Travail donc : le format surverticalisé m'a paru nécessaire, à cause du banc, à cause de la fenêtre, à cause de... Éclaircir le sujet, contraster les barreaux, remettre une façade derrière les barreaux, celle de la photo originale était grillée (c'est le cas de le dire) et quelques touches ici ou là, dont je n'ai évidemment pas gardé l'historique. C'est évidemment une recomposition, non pas une photo souvenir, mais une photo de mes souvenirs, de mes impressions, de mes préoccupations, de mes obsessions.
Ce n'est pas une photo « pétante » comme on les aime aujourd'hui. Je suis seulement libéré de l'avoir faite, je sais que je n'y reviendrai plus, elle me va comme ça, son histoire est achevée et du coup mon esprit est en paix.
16/11/2021