la pa-patte

Extraordinaire, la cuisine chinoise !

Surpris chaque jour par la diversité, les saveurs, la présentation, le plaisir d'éblouir, l'inventivité, les rituels. Les poissons sortent des musées, les soupes de rivières de l'au-delà, les fruits de jardins inconnus. Tout peut se manger et tout est là.

Les plats se suivent et tournent, et de nouveaux encore qui tournent aussi, et les saveurs changent en fonction des mélanges et des nouvelles associations. Le repas chinois n'est pas linéaire mais cyclique, un tourbillon. 

Mais la patte d'oie, impossible d'avaler ! Ça baigne dans une sauce épaissie, accompagné d'un champignon spongieux insaisissable et d'un brin de verdure pour relever la couleur. Ça se mange avec les doigts, pas moyen de faire autrement, impossible avec des baguettes, une fourchette et un couteau feraient des dégâts inévitables.

Il faut enfiler un gant comme on en trouve dans les stations services pour se saisir de la chose, ça dégouline avant d'atteindre l'objectif et là, surprise, il faut d'abord sucer la sauce, découvrir ensuite le gras de la peau et mordre dans des cartilages qui se disloquent, la stupeur vous paralyse, que faire de ce qu'on a dans la bouche quand on ne peut ni avaler ni cracher et qu'on vous observe et qu'on lit dans les yeux de vos hôtes « c'est extraordinaire, n'est-il pas ! », car on est dans un très grand restaurant, invité par des personnalités, pour des mets d'exception... le sourire contraint se transforme en grimace, un signe au garçon qui vous tire la chaise (impossible avec les gants) et on file aux urgences.

Pour digérer l'aventure on vous offrira cette boisson tirée d'un grand vase, une sorte de jarre cercueil,  où des serpents tentent l'expérience de l'immortalité.

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