• Jadis.

     

     

     

    Jadis.

    Carabin- MAMC - Strasbourg                          

    C'est Edith qui réagissait à la page « rogaton »

     

     Pourquoi cette femme serait-elle vieille et laide ? Les deux adjectifs semblent indissociables et pourtant...

     La vieillesse n'est pas forcément laide. Il y a de beaux vieillards et surtout de très belles photos de personnes âgées !

     Et la laideur est subjective... même s'il y a des canons de la beauté. Nous n'avons pas tous les mêmes critères de l'esthétique. Un homme amoureux peut trouver sa femme belle alors qu'une autre personne la trouvera moche. La beauté ne dépend pas que de l'esthétique ! (Et je ne dis pas cela parce que cela m'arrange !

     

    Je veux bien croire qu'il y ait une part de subjectivité pour décider du beau ou du laid. Question: quand on a écarté le côté affectif (j'aime – j'aime pas), quand on ne tient plus compte du côté subjectif (la norme – la tendance – on a toujours fait comme ça – les canons... etc.) reste-t-il vraiment une place pour des critères objectifs et qui permettraient d'affirmer :

    là réside la beauté, ce n'est pas discutable.

    A qui peut on vraiment faire confiance pour le déclarer, parce qu'il faut bien reconnaître, on est tous et chacun des maîtres ignorants, des spécialistes incompétents, des experts arrogants insolents et suffisants et pourtant nous sommes tous et chacun des juges autoproclamés censeurs, arbitres et critiques, souvent catégoriques, tranchants et péremptoires.

     

    Un exercice plus simple consiste à comparer et à décider d'une préférence.

        Jadis.

     

     

     

    Mais c'est évidemment fort injuste, n'y aurait-il qu'un type de beauté réservée à la jeunesse, à la fraîcheur et aux fleurs du printemps ?

     

    Il y a aussi la beauté intérieure et les gros ont évidemment plus de place pour l'héberger.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Jadis.

     

     

     

     

                Il faut aussi savoir se résigner.   

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    J'avais écrit sur cette composition : une vieille (moderne) contemplant une jeunesse (romaine du III° siècle) cette méditation, quelques uns d'entre vous la connaissent, mais comme j'ai eu plaisir à la retrouver...

     

     

    Jadis.

      

    je te suis plus fidèle que le miroir qui te disait jadis ;

     

     "vraiment, la plus belle c'est toi !"

     

     Le miroir s'est tu, ce n'est plus toi qu'il voit, c'est moi, on comprend qu'il se taise.

     

    Moi j'ai gardé ton image et je te revois sans cesse comme tu étais alors.

     

     J'ai compté chacun de tes cheveux,

     

    pour les remettre en ordre si d'aventure la fougue du vent, la maladresse d'une main,

     

    l'accroche d'un rameau avaient perturbé le bel ordonnancement de ces tresses qui te couronnaient,

     

    reine soumise aux mille regards, princesse offerte aux vénérations,

     

    dignité paisible livrée immobile à l'admiration

     

    des inconditionnels amoureux de la beauté.

     

    Tu étais belle ; belle, tu l'es encore

     

    et tu le resteras tant que mon désir te fera exister, mon désir est sans fin.

     

     J'ai caressé cent fois ton cou gracile,

     

    mes mains y dessinaient colliers et parures, elles te paraient de mille tendresses,

     

    t'éclaboussaient de perles d'amour,

     

    aucun bijou ne pouvait être plus somptueux que le ruissellement des étincelles du plaisir.

     

     J'ai effleuré tes seins

     

     Que me reste-t-il de toi ?

     

    le temps est bon ouvrier, patient et constant ; il n'a pas besoin de forcer son talent,

     

    à chaque jour suffit sa peine, on sait qu'il reviendra demain pour mettre une nouvelle touche, peut-être la dernière ;

     

    on n'est pas pressé que le travail soit achevé.

     

     Que me reste-t-il de toi ?

     

    L'envie d'être admirée, je l'ai gardée, l'envie de plaire encore, de détourner sur moi les regards inquiets ;

     

    la curiosité attisée, le feu dévore complaisamment les passions, une brindille les nourrit, déjà se prépare le bûcher.

     

     Oui, le feu, la flamme n'a pas d'âge, ni vieillesse ni retraite, vacillante elle est...,

     

     chancelante, jamais.

     

    Tu mourras avec moi, regard de moi, pas avant.

     

    17/05/2020