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Cow.
Cow - Alexander Calder – Museum of Fine Arts - Boston
La vache a rarement eu les honneurs de l'art, à part quelques périodes plus pastorales. Dans l'opinion, on ne peut pas dire non plus qu'elle soit au plus haut, « grosse vache » n'est pas un compliment, les « vacheries » sont dignes des voyous, grossiers et vulgaires. On redoutait les folles, on n'en connait pas de sages. Et aujourd'hui, la tendance écologique leur reproche de trop péter.
On a plutôt préféré le taureau et sa force vitale, disposé au combat. Ou le Minotaure, au fond des labyrinthes de nos angoisses en train de se repaître de la chair fraiche de jeunes gens et de vierges sacrifiées. C'est en taureau blanc que Zeus se transforme pour enlever Europe. Il y a bien plus d'histoires et de légendes à inventer sur l'homme dominé sur ces pulsions instinctives que sur cette douce bête paissant et ruminant dans les alpages verdoyants.
cette vache de Calder, n'est ni mobile, ni épaisse. Elle a les caractéristiques des premiers dessins parus en 1926 dans Animal sketchings ( à voir sur internet : cliquer sur ce lien ) On y reconnaît le trait ferme, sobre et enjoué. Prévert disait de Calder qu'il possédait « l'énergie, le plaisir et l'esprit joueur d'un dauphin ». c'est un exploit de l'avoir réduite à un fil, fut-il de fer. La contemplation de cette œuvre ne m'a pas provoqué une émotion intense et je n'en ai guère été bouleversé.
Très sincèrement, à réduire les choses à un trait je préfère nettement celui de Matisse. Lui et moi, sommes pourtant nés au milieu des vaches en Avesnois, là où des vaches trônent même sur les tours des cathédrales ; lui, à ses débuts a connu une interminable période de vaches maigres ; quant à moi, Je me sens peu d'affinité pour la thérianthropie.
op. 60 20/05/2020