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à filer des boutons.
Vichy – musée de l'opéra
Je ne peux contempler la perfection de ces boutonnières sans me rappeler l'adolescent boutonneux bavant devant ces délicats volumes évoquant les trésors inconnus des plaisirs défendus. J'ai passé l'âge de boutonner et même de déboutonner mais j'ai gardé le goût des mystères et des secrets cachés. La boutonnière permet le passage d'un bouton. Plus le bouton est beau plus la boutonnière est large. L'usage s'est perdu pour les hommes de faire glisser un œillet dans la boutonnière, on ne sait plus lire les symboles et le langage est devenu plus direct.
Mais ici c'est le vert qui contient les mystères et les secrets. « Vert de Paris », appelé ainsi parce qu'on utilisait le pigment pour tuer les rats dans les égouts de Paris. Les peintres ont beaucoup utilisé ce vert de Paris, en se dégradant il produit un gaz toxique : l'arsine, qui serait à l'origine du diabète de Cézanne, des troubles neurologiques de Van Gogh, de la cécité de Monet.
L'acéto arsenite de cuivre contient effectivement de l’arsenic. Mais il a aussi une propriété exceptionnelle, il rend les tissus particulièrement lumineux. Et quand on s'éclaire à la bougie, il ne faut rien négliger pour briller en société. Les teinturiers en moururent, puis les dames victimes de la mode. Donc, boutonnière ou non, bouton ou pas, on n'y touche pas !
25/04/2020