• Engeôleuse

    Engeôleuse

     

    Dans mes obsessions, il y a la chevelure.
    Ça n'a rien d'original, ça court dans la littérature, la peinture, l'histoire,  la musique même. Inutile de rappeler Dalila, Yseult, Marie-Madeleine, Mélisande... etc, etc.
    Je m'y suis employé avec mes moyens ; ma première photo était une chevelure, longue, blonde, étalée en ruissellement sur un parquet luisant. Et j'en ai fait et refait de ces portraits d’enjôleuses, à ne m'en jamais lasser, à m'y sentir bien dans cette impossible quête de je ne sais pas quoi, à ne pas vouloir me libérer de ces liens pourtant ténus mais puissants que tissaient mes engeôleuses.  
    Je viens de travailler sur la dernière que j'avais jusqu'à présent délaissée, rejetée prudemment pour insuffisances techniques. Mais en la revoyant j'ai frémi.
    Finalement, tout n'y est pas flou, et ça me semble maintenant plutôt heureux ; ça enlève le côté « posé » pour faire croire à un peu de spontanéité, voire de précipitation pour saisir l'instant à ne pas rater. Ce n'est ni sublimé, ni photoshopé, ça ne se veut ni artistique ni esthétique... c'est comme ça !   Et que reste-t-il de ces épaules ? sinon leur fragilité ; rien à voir avec le roc qui soutient la cascade, elles participent de l'onde et de l'évanescence. Normalement tout cela s'estompe irrémédiablement ; en fait, il suffit d'un regard pour que son amplitude se renouvelle.

    On pourrait penser que c'est juste la mémoire d'un événement, un souvenir... c'est justement le contraire, un désir rendu possible, puisque je l'ai fait.

    12/04/2021