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Flic !
Hélène de Beauvoir -rétrospective au musée Würth, Erstein
En ce moment, ça remue beaucoup sur les mauvaises manières des policiers. Racistes, assassins, … etc, je vous renvoie à vos journaux et aux réseaux sociaux...
Ils ont un métier bien difficile : maintenir l'ordre, voire le rétablir, assurer la sécurité de tous et de chacun au risque de la leur propre. Il doivent obéir et rester exemplaires. Pris entre deux feux, les ordres, pas toujours clairs, et le désordre pas toujours aimable et c'est peu dire.
Ce qu'il faut de courage pour pour répondre à la haine par le calme
Ce qu'il faut de volonté pour répondre à la violence par la juste mesure
Ce qu'il faut vertu pour répondre à la révolte par la retenue
Ce qu'il faut de force, de fermeté et de cran pour répondre aux insultes, aux invectives, aux menaces, aux pavés, aux pierres, aux barrières par la pondération tout en gardant le respect de l'autre quel qu'il soit.
Comment rester soi quand tout le monde tout autour est hors de soi ?
Comment être juste quand il faut seulement faire respecter la justice et qu'il se trouve qu'elle est remise en cause ?
Je suis allé rechercher mes photos des tableaux d'Hélène de Beauvoir, la sœur de l'autre. Hélène a milité pour les droits des femmes, contre les dictatures etc. en 68 elle a soutenu la cause des étudiants. La répression est-elle la meilleure réponse à la contestation, fut-elle violente ? La violence, quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne, est-elle acceptable ? Ce n'est évidemment pas aux policiers, aux gendarmes ou aux militaires de répondre à ces questions, du moins pas en tant que fonctionnaires, agents de l'état. Les tableaux d'Hélène sont des prises de position, elles ont le mérite d'être pacifiques, tout en disant la réprobation et la volonté de changer les choses.
Je me souviens qu'en 68 j'étais à la fois étudiant (du côté de la contestation) et surveillant d'internat (du côté du maintien de l'ordre) je l'ai mal vécu. À l'époque un de mes frères était aussi étudiant et un autre gendarme. A table, l'un demande à l'autre : si on se retrouve face à face dans une manif, est-ce que tu me cognes ? Le dessert tardait.
Hélène de Beauvoir ne s'est pas contenté de peindre, elle n'a pas fait de photos qu'on dirait aujourd'hui street photography (c'est plus chic que photographie de rue, allez savoir pourquoi) elle a aussi créé un refuge pour les femmes battues à Strasbourg.
Les bonnes causes ne manquent pas qui nécessitent de grands combats. Il y en a aussi de bien mauvaises où la recherche du bien public est un masque abritant la seule volonté de garder le pouvoir, de conserver les avantages personnels et les intérêts privés.
On parle beaucoup de solidarité dans cette période de crise, à juste titre. On réclame républiquement l'égalité et la fraternité. Il y en a même qui réclamaient qu'on aime son prochain dans la même mesure qu'on s'aime soi-même, ça se pratique je crois le dimanche au moins entre 10h et midi ou les lendemains de ramadan. Ah si seulement on pouvait garder ne serait-ce qu'un peu d'humanité.
Simone, par Hélène.
op. 79 08/06/2020