Papa, maman, confinés.

  Adam et Eve - Franz von Stuck - Städel - Francfort.                           

  Une pomme, deux poires et des pépins. Serait-ce la loi du confinement ?

Nos premiers confinés l'étaient au paradis. Le confinement n'était pas total, ils étaient sous contrôle, en liberté certes, mais surveillée, avec des contraintes, des interdits. On ne sait pas vraiment s'ils ont été deux tout de suite ou si Adam a réclamé de la compagnie pour briser sa solitude. Ce n'est apparemment pas facile de vivre confiné, seul, ou accompagné, même dans un cadre idyllique. Est ce possible de se contenter de ce qu'on a ? L'histoire nous apprend que ce serait une attitude raisonnable, mais l'histoire nous apprend aussi qu'on a toujours voulu aller au-delà du connu, du convenu, de l'ordinaire. Si l’extraordinaire devient quotidien, il perd de son charme et se couvre de banalité. C'est ainsi.

J'ai trouvé plus qu'intéressant ce tableau de Franz von Stuck ; ce ne sont pas les tableaux de nos premiers parents qui manquent, mais ici il s'agit bien d'une scène, presque une scène de ménage. Les attitudes sont dynamiques, Eve est provocante, et Adam discute. La main gauche d'Eve dit la certitude de sa victoire, son sourire affirme déjà la satisfaction de sa réussite.

• Regarde, chéri, ce que je viens de trouver...

• c'est magnifique, mais où l'as tu trouvé ?

Je ne vous raconte pas la suite, vous la connaissez.

La main droite d'Adam hésite entre l'acceptation et la résistance, sa colonne vertébrale est plutôt sur le reculoir, mais il frémit de désir. Quand l'attirance se conjugue avec la séduction, on passe outre les gestes barrières et on fait fi de la distanciation sociale. La nuit les enveloppe déjà, les déboires commencent. Pourtant, dans le fruit, ce n'était pas une larve de carpocapse (un ver), et au bout du fruit ce n'était pas une branche de pommier. Et oui, il a croqué... et s'en est mordu les doigts.

07/05/2020

Franz von Stuck est un des fondateurs de la Sécession de Munich en 1892, il a entre autres influencé Kandinsky, ce sera pour demain.