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Volatiles sont nos pensées...
elles s'enracinent dans la mémoire
se ramifient dans l'expérience
s'enchevêtrent dans le vécu
se fortifient dans les rencontres
se bonifient au soleil ou sous la pluie
se colorent de nuages au couchant
s'éclaircissent au petit matin
et subrepticement s'envolent et nous quittent.
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Pas de doute, c'est bien moi.
Mais où était-ce ?
Peut-être à Milan. Musée d'art moderne ?
Comment j'ai fait ça ? pas le moindre souvenir.
J'ai l'impression d'être un fantôme, et sans doute pas le seul.
Mon, cher Bernard. Tu as raison, « tout fout l'camp ! ».
Un peu de ma mémoire s'est retrouvée après quelques recherches. C'était bien à Milan. C'était bien au musée d'art moderne. Impossible de retrouver le nom de cet artiste qui a peint sur un miroir cette femme qui se barre ; et Google n’en dit rien non plus. C'était un instantané spontané. Je suis tombé dans le piège. Un miroir … tiens c’est moi ! Je lève l’appareil et je déclenche ; et me revoici en plein milieu de ce musée. Tout le reste s'en va. Même le type derrière moi. Comme si une alarme s'était déclenchée. Comme si finalement, l'important dans ce musée, c'était moi et non plus l'œuvre. Fâcheuse désillusion ! J'étais venu voir des œuvres, je me retrouve en face de moi-même. Bon, toute l'ambiguïté vient du recadrage dans la mesure où on ne sait plus que c'est un miroir qui est en face, on le devine seulement parce qu’il faut bien que quelqu'un ait pris la photo, et ce ne peut-être que moi puisque j'ai le doigt sur le déclencheur.
Cette photo me laisse un sentiment étrange. Alors que tout se délite tout autour ; même le rideau noir dans le fond à gauche n'est pas une issue, mais plutôt une entrée dans un monde inconnu (mon inconscient ? vraisemblablement). Pour un selfie, c’est un mauvais selfie. Pour un autoportrait, c'est un mauvais autoportrait. Et on ne peut pas dire que ce soit une belle photo. À la place du visage, il y a juste un appareil photo (c’est dire !) Fort peu d'indications sur le lieu où l’on se trouve. Cette femme étrange en couleur n’est ni une femme en chair, ni une œuvre telle qu'on a l'habitude de les voir. L'instant d'après, elle aura disparu. Et le spectateur se retrouve face à lui-même. Le message n'est pas très clair, mais il pourrait être de ce genre : « Dis donc, qu'est-ce que tu fous là ? Occupe-toi de toi-même. Connais-toi toi-même. »
Je m’en veux presque (tu me connais) de relayer le piège à tous ceux qui auront regardé cette photo et qui vont devoir se poser les mêmes questions. Je sais que les smartphonistes n’iront pas jusque là, ils ont fui dans l’instant d’un coup de doigt magique. Bien sûr qu’ils réfléchissent, mais comme les miroirs.
Miroir, mn beau miroir... Imposture !
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