Cette image est un montage digital et relève de ce que l’on pourrait appeler la « peinture numérique ». De ce fait, les outils d’analyse liés à l’utilisation d’un appareil photographique (boîtier et objectif) produisant une image unique sur un capteur ou un film, perdent de leur pertinence. En effet, tout commentaire sur les contraintes auxquelles le photographe est soumis, comme l’utilisation de la lumière, la prise en compte de la profondeur de champ, le choix de la focale et de la vitesse d’obturation, devient ici obsolète. De plus, si l’on considère que la photographie a un rapport au réel, notion fondamentale, il semble alors pertinent de placer cette œuvre dans le domaine de la création visuelle.
La première difficulté qu’une tentative d’analyse de cette image révèle, est celle de l’école à laquelle il conviendrait de la rattacher pour évoquer la place qu’elle prendrait dans le domaine très général de l’histoire de l’art. L’absence d’une telle référence rend les critères d’analyse extrêmement subjectifs et aléatoires.
La deuxième difficulté est d’ordre technique. Seule une excellente maîtrise des outils technologiques, tels les logiciels de graphisme par exemple, permet au critique de se faire une idée du travail accompli et de la justesse des choix faits par l’auteur.
La troisième difficulté, enfin, est liée au fonctionnement de notre imaginaire. Une création picturale éveille notre perception de l’espace qui sépare le signifiant du signifié. Or, le créateur de cette image se veut à la fois le metteur en scène des signifiants et le commentateur des signifiés du fait qu’il ne permet aucune échappatoire à la recherche du sens de son œuvre. En effet, cette dernière se dévoile sans ambiguïté aucune : le quartier de la Défense se dresse sous nos yeux dans sa splendeur sinistre, baigné d’une lumière de fin du monde ; un cimetière imaginaire fait un rapprochement facile entre puissance financière et pulsion de mort ; un palimpseste diaphane composé à la fois de surfaces transparentes et de blocs compacts donne la fausse illusion qu’une aube nouvelle se lève sous nos yeux.
En somme, un document iconographique techniquement irréprochable qui nous impose un point de vue sans parvenir à nous convaincre."
Jean-Michel MERTZ
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